L’église ou la pratique religieuse ne joue pas un rôle crucial dans le processus de développement, de construction nationale ou d’émergence d’un État.
Les principales puissances mondiales ont progressé en adoptant de nouveaux modèles de pensée et en considérant les questions sensibles de manière collective. La Chine, le Brésil, l’Afrique du Sud, le Qatar ont ainsi fait des avancées significatives vers l’émergence, érigeant des fondations solides qui résistent aux événements planétaires de toutes sortes.
En revanche, la République démocratique du Congo (RDC) accuse un retard flagrant, ne définissant pas ses priorités ni anticipant les menaces pesant sur le pays, provenant des puissances étrangères prédatrices de ses abondantes ressources naturelles.
La RDC semble préférer la mode, la musique, les divertissements et autres distractions plutôt que de s’atteler sérieusement au travail. C’est notamment visible par la prolifération d’églises sur un même axe routier, accompagnée des bruits des musiques tonitruantes, ce qui fait de la RDC un pays unique en son genre.
Bien que largement imprégnée de spiritualité, la RDC peine à voir sa situation s’améliorer. Les discours dominants dans ces églises reposent souvent sur l’idée que le don à Dieu mène à la prospérité, une théorie qui ne se concrétise pas dans la réalité. Les fidèles des pasteurs constatent que leur vie ne change pas malgré leur assiduité à l’église, oubliant que le développement d’un pays ne dépend pas de la religion.
L’extrémisme religieux représente un danger plus grand que la politique, comme l’avait souligné Karl Marx en affirmant que la religion est l’opium du peuple. Selon l’auteur du Capital, la religion est un moyen pour les élites de maintenir le peuple dans la soumission en lui faisant accepter sa condition misérable.
Malgré cette réalité, des sujets tels que la prospérité, les voyages et la sorcellerie occupent le devant de la scène, reléguant au second plan le développement communautaire basé sur le travail et la rigueur. Les Romains avaient déjà compris ces principes en leur temps, comme en témoigne l’adage latin « Ora et labora » signifiant « Priez et Travaillez dur ».
« Depuis 1885, pendant 138 ans que les ressources naturelles de la RDC sont continuellement pillées, privant ainsi les congolais de leurs biens. Et tout ça, sous le regard de ce Dieu que nous prions jour et nuit, et de nos «amis» de la communauté internationale. Non, changeons de paradigmes», a souligné Bernard Lututala, recteur honoraire de l’Université de Kinshasa, appelant ainsi les citoyens du pays à prendre conscience de cette situation préoccupante.
Fort de son expérience professionnelle de vingt ans à des postes de haut niveau dans de grandes institutions nationales et internationales, ce professeur d’université et éminent scientifique est convaincu que la RDC pourra repousser ses limites en comprenant ces enjeux.
Nous cesserons d’attribuer à Dieu la responsabilité de tous les événements malheureux qui surviennent si nous nous investissons pleinement dans le développement de notre pays, chacun dans son domaine de compétence respectif.
Le fanatisme religieux est plus destructeur que tout autre fléau. Il nous empêche ainsi d’avoir un regard objectif sur les choses.