Le stress monte parmi les sociétaires de l’Union sacrée. Dans l’attente de la nomination très prochaine d’un nouveau Premier ministre puis d’un nouveau gouvernement en République Démocratique du Congo, le président Félix Tshisekedi et son informateur, Augustin Kabuya, reconduit à son poste après un premier bail d’un mois, entretiennent le suspense.
Si le Chef de l’Etat n’a pas encore envoyé un signal public à ce propos, l’Informateur a eu à s’exprimer à ce sujet le 10 mars, se contentant d’indiquer que le Premier ministre proviendrait de l’UDPS alors que certains membres de son propre entourage caressaient le rêve de le voir personnellement succéder à Sama Lukonde.
Originaire du Kasaï Oriental comme Félix Tshisekedi, Kabuya n’avait pourtant pas de chance de prendre la direction de l’Institution «Gouvernement». Son effacement ouvre la voie de la Primature à une personnalité issue d’un autre espace que le Kasaï.
Si le Président Tshisekedi devrait puiser dans les rangs du parti, et son allié Vital Kamerhe devrait reprendre la direction de l’Assemblée nationale qu’il avait déjà occupée entre 2007 et 2009 sous Joseph Kabila, il aurait le choix entre un ressortissant du Grand Katanga, encore une fois, de la Grande Orientale, du Grand Bandundu, du Kongo Central ou du Grand Équateur.
Si la carte Grand-Katanga devrait encore une fois s’imposer sur toutes les autres, au regard de la position stratégique de cette région dans les finances et l’économie du pays, les figures le plus en vue de l’UDPS demeurent, sans conteste, Fabien Mutomb Kan Kato et Coco Jacques Mulongo Nzemba. L’un, Directeur général de la Société nationale de chemin de fer du Congo (SNCC) et l’autre, licencié en économie pure et industrielle de l’Université de Lubumbashi et actuel Directeur général de la Caisse nationale de péréquation (CNP), ne pourraient pas manquer dans les bloc-notes du Chef de l’État.
Élus députés sous le label UDPS en 2011 et 2018, Mutomb et Mulongo ont acquis une certaine expérience de gouvernance après leur nomination respective aux commandes de la SNCC et de la CNP.
De Fabien Mutomb, un ancien collaborateur témoigne: «C’est un cadre de l’UDPS travailleur, rigoureux, honnête et d’une moralité extraordinaire, qui apprend à tout son entourage à vivre de son salaire ».
Mais pour avoir occupé le poste de Premier ministre depuis Ilunga Ilunkamba, le Haut-Katanga pourrait cette fois-ci animer une autre Institution, le Sénat, par exemple, conseille un député national fraîchement élu.
Si le remplaçant de Sama Lukonde devrait venir du Kongo Central, la probabilité que l’économiste André Wameso passe Premier ministre paraît importante car, depuis son arrivée à la Présidence de la République en qualité de Directeur de cabinet adjoint en charge des questions économiques et financières, ce membre du Palais présidentiel a laissé éclater des qualités évidentes dans la gestion des dossiers lui confiés.
« C’est une figure capable d’engager des négociations et les mener à terme. On l’a vu à la manœuvre dans le dossier Dan Gertler. Il a également joué un rôle dans les discussions avec les Chinois», explique un connaisseur au Palais de la Nation.
Dans sa province, Wameso voit cependant surgir une concurrence de taille. Une femme dont les médias évoquent ces dernières semaines les chances d’être promue à la Primature: Judith Tuluka Suminwa, ministre d’Etat en charge du Plan dans le gouvernement Sama Lukonde. Elle ne manque pas d’arguments.
Titulaire d’une licence en sciences économiques appliquées, option gestion financière, des Facultés universitaires catholiques de Mons en Belgique et diplômée en comptabilité de l’Ecole de promotion et de formation continue -EPFC- à Bruxelles, Tuluka Suminwa a, selon une note descriptive de la structure internationale «Transparence en transition», «fait ses preuves dans les agences du système des Nations Unies et dans le cercle technocratique du Président de la République».
Pas une femme sans une autre. Aux côtés de Judith Suminwa, les mêmes médias parlent d’une autre dame. L’ancienne ministre de l’Economie Acacia Bandubola, originaire de la Grande Orientale, née dans la ville de Kisangani, qui a co-présidé la Direction de campagne de Félix Tshisekedi. Élue députée nationale à Kinshasa sur une des listes de la mosaïque UDPS à l’issue des législatives de décembre 2023, Acacia Bandubola a fourbi ses armes professionnelles dans le secteur bancaire.
Elle a travaillé pour Ecobank, Finca et Biac. Elle a aussi bossé pour le compte de Vodacom et de l’ANAPI.
Dans le Grand Bandundu, le nom de l’Inspecteur général chef de service de l’IGF, Jules Alingete, émerge. Il dispose, lui aussi, des armes solides.
Déjà favori dans un sondage sur les primaturables les plus sérieux, le flic en chef des finances, décrit dans l’opinion comme «homme de confiance et collaborateur le plus appliqué et le plus performant du premier mandat de Tshisekedi», a démontré ses capacités de meneur dans la lutte contre la corruption et la prédation des finances publiques. Convié tour à tour à la tribune du Parlement européen et du Parlement belge avant de forcer l’admiration de Transparency International, son action, caractérisée entre autres, par le gel, grâce à la patrouille financière, d’environ 1,5 milliard de dollars sur le point de faire le bonheur des prédateurs et les 7 milliards de dollars entièrement dédiés à la construction des 6000 km de routes, gagnés grâce à la relecture du contrat chinois favorisée par un intense plaidoyer de l’IGF, pourrait aussi plaider en sa faveur.
Des bookmakers pensent que ce licencié en économie, passé par la Primature aux commandes du Collège «Climat des affaires» puis Conseiller au Collège «Portefeuille et Gouvernance économique» et au ministère de l’Economie comme Directeur de cabinet, «pourrait aussi bien conduire les dossiers politiques et sécuritaires sensibles, s’il arrivait qu’il se fasse bien encadrer par une équipe dédiée et engagée».
Alors que le Président de la République a publiquement loué son parcours à la tête du ministère de la Fonction publique lors d’un récent briefing à la télévision nationale, Jean-Pierre Lihau, également nanti d’une expérience dans la conduite des questions parlementaires pour avoir dirigé pendant toute une législature le cabinet de l’ancien président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku, peut aussi bien représenter le Grand Équateur à la Primature, de l’avis de certains de ses collègues membres du gouvernement sortant.
Article tiré D’AFRICANEWS, le titre est de challengeinfo.cd