Les choses semblent bouger à propos du projet de construction de 63 kilomètres de routes périphériques autour de la ville de Kinshasa dans un délai de deux ans et demi. Une petite enquête nous aide à répondre à trois questions liées à ce projet.
En quoi consistent ces travaux?
Pour y répondre, il suffit de comprendre de quelle manière sont réparties les quatre zones des ouvrages :
– La rocade Sud-Ouest longue de 21, 38 km reliera Mbudi à l’entrée de Kingantoko.
– La rocade Sud-Est de 41,54 km reliera Kingantoko au croisement Blvd Lumumba et avenue Ndjoku.
– La rocade Nord-Ouest d’une distance de 24,31 km reliera Safricas à Mbudi
– La rocade Nord-Est longue de 21,23 km partira de Safricas jusqu’au boulevard Lumumba et l’avenue Ndjoku.
Comme vous l’avez bien compris, ces nouvelles routes passeront par Lutendele, Djoko, Ngombi, Ngudiabaka pour les routes qui iront vers le Kongo-Central ; pour celles des communes de Mont-Ngafula, Ndjili et Kimbanseke, elles passeront par Mitendi, Kimwenza et Ndjili Brasserie.
Ces rocades vont donc relier quatre communes de la ville de Kinshasa, à savoir : Mont-Ngafula, N’djili, Kimbanseke et Nsele, soit 63 km reliant Lutendele à l’aéroport de Ndjili, en vue de désenclaver cette partie de la capitale
Qui finance ces grands travaux?
L’ex-président Kabila (2001-2019) avait négocié en 2008 un contrat sous forme de troc – cobalt et cuivre contre la construction d’infrastructures – avec un consortium chinois pour un montant de 9 milliards de dollars, renégocié à 6 milliards sous pression du Fonds monétaire international (FMI). Ce contrat avait pris le nom de « contrat du siècle ».
Près de 2,74 milliards ont été décaissés par la partie chinoise, pour l’essentiel sous forme d’investissements à la date de la fin de l’année 2022.
Mi-février 2023, l’Inspection générale des Finances (IGF) de la RDC estimait dans une étude qu’il y avait, dans cette convention de collaboration, un « important déséquilibre financier » au détriment de la RDC. Dans ses conclusions, l’IGF avançait un montant de « 76 milliards de gain pour la partie chinoise, contre 3 milliards d’infrastructures pour la RDC ».
Le président Félix Tshisekedi s’était exprimé en février 2023 en faveur de la révision du contrat minier conclu en 2008 avec la Chine afin de « garantir les intérêts » de la République Démocratique du Congo (RDC).
Dans le nouveau partage l’Etat congolais percevra près d’un tiers d’un milliard de dollars de bénéfice à produire par la société conjointe Sicomines sinno-congolaisey
C’est ainsi que les travaux de construction de ces nouvelles routes font partie de la mise en pratique de ce troc et seront financés par le programme sino-congolais-Sicomines.
Mais pour faire l’omelette, faudra-t-il casser les œufs?
La construction de ces nouvelles routes occasionnera inévitablement des expropriations des terres déjà occupées par des propriétaires congolais ou expatriés.
Le ministre des Infrastructures et travaux publiques (ITPR), Alexis Gisaro, l’a d’ailleurs annoncé, samedi 22 juin, lors de la cérémonie de lancement de ces travaux.
Notez que la loi congolaise par la loi n°77-001 du 22 février 1977 et la loi n°73/021 du 20 juillet 1973 a prévu ce genre d’expropriation. C’est sur base de ces dispositions légales que le ministre des ITPR a entamé des négociations, demandant aux habitants des quartiers et localités concernés de se soumettre à ces dispositions légales et de ne pas opposer de résistance aux autorités. Une indemnisation sera prévue en faveur des familles expropriées.